Temoignage d'une mère : mon fils de 14 ans a une RCH
Tout petit déjà, mon fils se tordait de douleurs, avait des diarrhées... les médecins m'ont conseillé de réduire l'apport des laitages... et très vite, on remplaça le biberon de lait par l'apport d'aliments mixés.
Je me rappelle aussi que vers l'âge de 6 ans, les problèmes de diarrhées ont (re)commencé...
Mon enfant allait souvent aux toilettes et il fallait lui laisser la place, et vite ! Aussi, avoir deux toilettes n'aurait pas été un luxe...
Les années passèrent, les médecins généralistes traitèrent mon enfant régulièrement pour des gastro-entérites. On lui donnait continuellement des médicaments pour arrêter les diarrhées...
On m'expliquait que c'était d'origine psychologique, qu'à la puberté, cela passerait... Il n'en fut rien.
Arrivé à l'âge de 14 ans, les choses se précipitèrent. Nous consultâmes un homéopathe, qui, à l'aide d'une analyse sanguine, nous dirigea de toute urgence vers un spécialiste, le gastro-entérologue. C'était le début d'une réponse à nos angoisses.
C'est douloureux pour une mère de famille, pour un parent, d'apprendre, après des années de souffrance et d'incompréhension, que son enfant a une grave maladie. Difficile, du jour au lendemain de faire suivre à son enfant un régime sans résidu, en se basant sur une simple feuille d'aliments tolérés et interdits, donnée à l'hôpital : faire encore et encore du riz, des pâtes, des pommes de terre, tout ça à l'eau, de la viande et du poisson sans sauce, de la banane et rien que de la banane.
Du jour au lendemain. C'est dur de faire à manger pour toute une famille, avec, à part, un menu peu alléchant, pour son enfant. Mon fils ne mangeait pas la même chose que nous, à côté de nous, en regardant avec frustration nos assiettes... D'ailleurs, au fil du temps, il mangeait de moins en moins, de plus petites quantités. Il n'avait plus d'appétit, du moins la nourriture qui lui était imposée le dégoûtait.
Je faisais à manger pour nous d'une part, et pour lui d'autre part. Mais pendant un certain temps seulement. A la longue, je n'en pouvais plus. C'était dur de le voir nous regarder manger des aliments qui lui étaient interdits. Alors, peu à peu, toute la famille se retrouva plus ou moins au régime. Cuisine sans sauce, sans sel, moins variée... de façon à supprimer l'envie chez mon fils. Je n'avais plus goût à cuisiner. C'était une question de survie pour mon enfant. Tout écart alimentaire lui était douloureux.
Le plus incroyable, c'est que nous n'avons eu aucun accompagnement particulier, aucune aide pour élaborer les repas, pour nous guider, ou simplement pour nous rassurer.
Dans notre entourage, personne n'était touchée par une telle maladie. Nous ne comprenions pas quelle pouvait être l'origine de sa maladie. D'ailleurs, pour le gastro-entérologue, notre fils était l'un de ses tout premiers patients de RCH.
Les sorties devenaient un problème. On partait faire les courses, et il fallait à l'arrivée qu'il aille aux toilettes. Toute invitation chez des amis ou autre devenait embarrassante.
Mon fils était assez faible, fatigué, du coup on faisait attention à lui.
Il ne pouvait pas faire comme ses copains. Et il n'était pas toujours compris des autres...
Il prit l'habitude de rester dans sa chambre, à proximité des toilettes. Quant il y allait, il y courait !
Quand il allait à l'école, on faisait en sorte de prévenir le directeur, les professeurs, pour leur expliquer qu'il avait des « besoins » particuliers... cela se passait bien généralement. Sauf qu'il lui est arrivé de ne pas avoir le temps d'aller jusqu'aux toilettes... heureusement, nous avons pu compter sur une certaine discrétion et bienveillance. Je me souviens avoir dû lui apporter du change à l'école, où il avait pu prendre une douche.
Partout, lorsqu'on sortait, on expliquait aux gens les contraintes alimentaires. Lorsqu'on partait en vacances, on chargeait les bagages de quelques aliments nécessaires pour ses repas.
Plus tard, lorsqu'il alla faire ses études, je lui préparais d'avance quelques repas pour le soutenir.
Une autre inquiétude, c'était la coloscopie. Il en fit souvent au début de sa prise en charge. Tous les six mois. Seulement on s'inquiétait de ces anesthésies générales à répétition. Et, bien sûr, on ne nous dit pas grand chose là-dessus, on ne nous explique pas, pas à la hauteur de notre appréhension. On attendait dans notre coin, le bilan de l'examen, avec impatience et inquiétude.
Nono